L'orthoptique

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L’orthoptique dans l’histoire

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Réfraction
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Le terme d'orthoptique provient du grec (ορθο, signifiant ortho, et ΟΠΤΙΚΑ, signifiant œil). Les origines de l'orthoptique telle que nous la connaissons remontent probablement à la Grèce antique, où des cures de strabisme avec des pommades étaient déjà prescrites pour les déviations oculaires (strabisme). La description de l'amblyopie (œil paresseux) peut être attribuée à Hippocrate, vers l'an 450 avant J.C. Le premier essai connu de traitement du strabisme remonte aux environs de 550 A.D. (Paulus Aeginaeta). À partir du 16ème siècle, les notions majeures sur le strabisme et l'amblyopie vont se développer, ainsi que les ébauches de traitement. Les éléments anatomiques de l'œil lui-même, des muscles extra oculaires et des processus reliés aux déviations oculaires et l'amblyopie vont être mieux compris. Mais c'est surtout grâce aux travaux de Louis Javal, ophtalmologiste français, vers 1865, que l'orthoptique moderne va réellement prendre son essor. Les tests de dépistage, le matériel et les techniques que nous utilisons encore aujourd'hui vont se développer et se transformer avec les années.

La profession d'orthoptiste va voir le jour en Grande-Bretagne en 1919, et Mary Maddox devient ainsi la toute première orthoptiste. L'orthoptique va évoluer et se développer dans bien des pays, des écoles nationales vont apparaître, pour en arriver à l'orthoptique telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Notre profession repose sur des bases et des acquis qui ont vu le jour il ya plus de 3.000 ans, et des principes de dépistage et de traitement développés en grande partie aux 18ème et 19ème siècles. Ce n'est pas un savoir-faire récemment développé, même si le terme d'orthoptique tel que nous l'utilisons est bien plus récent que les concepts auxquels il s'applique.

L'orthoptique au Quebec

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À l'heure actuelle, l'orthoptique au Québec est règlementée par le Ministère de la Santé et des Services Sociaux. Une référence médicale est indispensable pour obtenir une consultation. Les orthoptistes travaillent en collaboration étroite et essentielle avec les ophtalmologistes et tous les acteurs de la filière visuelle ce qui assure un suivi rapide et efficace des patients. Il n'y a pas d'orthoptistes en bureau privé, tous et toutes travaillent en centre hospitalier ou directement au sein d'un cabinet d'ophtalmologistes. Il n'y a aucun frais pour le patient dans le cadre d'un examen orthoptique ayant lieu dans un centre hospitalier, la consultation étant prise en charge par la régie de l'assurance-maladie.

Le rôle des orthoptistes

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Schéma oeil
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Nous sommes des professionnels dédiés au dépistage et la rééducation des troubles de la vision binoculaire (travail des deux yeux ensemble). Le strabisme et l'amblyopie font partie de notre travail quotidien mais aussi les diplopies (vision double) apparues à la suite d'un problème neurologique (AVC par exemple) ou un traumatisme. Nous faisons aussi des champs visuels pour les patients référés en grande partie par les ophtalmologistes (maladies rétiniennes telles que le glaucome, ou des atteintes neurologiques). Il arrive aussi que des examens nous soient demandés pour des expertises (CSST ou SAAQ en général).

Dans notre pratique journalière, nous voyons aussi bien des enfants que des adultes de tous âges, et ce pour toutes sortes de problèmes visuels, en particulier les suivants :

  • Pour les enfants, la grosse majorité nous sont référés pour des problèmes de strabisme vers l'intérieur (strabisme convergent ou ésotropie) ou l'extérieur (strabisme divergent ou exotropie), généralement suite à une inquiétude des parents. Il nous appartient alors d'appliquer le meilleur traitement pour réduire au maximum ce strabisme. Une chirurgie peut s'avérer nécessaire et nous retournerons alors l'enfant chez l'ophtalmologiste pour avis.
    Un autre problème important que nous voyons fréquemment est celui de l'amblyopie, qui se manifeste très souvent en association avec le strabisme. Cette basse vision d'un œil peut avoir des conséquences fâcheuses à long terme si elle n'est pas soignée et il est important d'appliquer un traitement approprié le plus tôt possible. Qui d'entre vous n'a jamais croisé un jeune enfant avec un pansement sur l'œil ? Il y a de fortes chances qu'il soit en cours de traitement pour son amblyopie ;
  • Chez les adultes, les références pour strabisme sont plus rares, et elles concernent alors le plus souvent un problème esthétique que le patient souhaite régler. Nous devons alors nous assurer qu'il n'y a pas de contre-indication à une chirurgie (risque de diplopie en particulier) et effectuer les mesures appropriées.
    Le gros de notre travail chez l'adulte concerne la diplopie, généralement acquise suite à une paralysie d'un des muscles de l'œil (ACV, diabète, tumeur, anévrisme, traumatisme, accident, fracture, etc.). Il nous faut alors déterminer quels sont les muscles et/ou nerfs en cause, et essayer de rendre au patient une vision la plus confortable possible et suivre l'évolution du problème. Les prismes sont souvent utilisés à cet effet lorsque cela est faisable. Si une chirurgie finit par s'avérer la meilleure solution, là aussi le patient sera retourné vers son ophtalmologiste ;
  • Une autre anomalie de vision binoculaire que nous sommes amenés à traiter est l'insuffisance de convergence. Elle touche rarement les jeunes enfants et est plutôt l'apanage des adolescents et jeunes adultes mais peut être présente à tout âge. Une vision qui se brouille après une lecture prolongée, des yeux qui piquent le soir, une sensation de sable dans les yeux sont des signes assez courants de ce problème. Il est dû à une déficience au niveau du maintien de l'effort de fixation en vision rapprochée. Cela se traite en règle générale très bien en faisant les exercices oculaires appropriés en notre compagnie ;
  • Nous réalisons également à la demande des ophtalmologistes des « examens techniques » qui aident au diagnostic, tels que les examens de biométrie (en vue d’une chirurgie de cataracte), les examens d’imagerie visuelle comme les OCT, Topographie cornéennes…

En plus de ces types d'anomalies très fréquentes, nous sommes aussi sollicités pour d'autres problèmes de vision binoculaire plus rares ou plus spécifiques, telles que les nystagmus, certains syndromes ou maladies oculaires particuliers (anomalies restrictives des muscles oculaires, problèmes de glande thyroïde, maladies auto-immunes entre autres).

Nous rappelons cependant que notre spécialité est la vision binoculaire et ses troubles et traitements non chirurgicaux. N’'étant ni médecin, ni optométriste, nous ne faisons aucun diagnostic de maladie oculaire, n'appliquons ou ne prescrivons pas de médicaments et ne faisons pas les examens de la vue ni ne donnons de lunettes.

Notre coopération avec les ophtalmologistes et les optométristes permet d'assurer un traitement et un suivi optimal mais il est aussi de la responsabilité du patient (et de son entourage dans le cas des enfants) d'appliquer et de suivre le traitement comme il a été discuté et proposé pour obtenir des résultats optimaux. L'orthoptique est un travail de longue haleine, et certains traitements, en particulier ceux de l'amblyopie, peuvent s'échelonner sur plusieurs mois, parfois plusieurs années, et même s'il est parfois tentant de tout arrêter, tenir bon et persévérer est le meilleur garant de succès au bout du compte.